Ces productions sont pensées, créées par les différents services de l’entreprise qui compte au 31 décembre 1991, 1738 personnes dont un cinquième de femmes : 1217 agents, 113 employés, 278 techniciens et agents de maîtrise, 130 cadres… En 1991, la société VMC est alors composée de trois établissements : le siège social et l’usine de Reims plus l’usine de Givors et celle de Rive-de-Gier, la fusion des trois unités ayant eu lieu en 1985. Cinq fours sont alors en fonctionnement. Le Président est à cette date Maurice Papon et le Directeur des trois unités Claude Feltrin.
Sous les directions technique et commerciale travaille le service FABRICATION.
Un responsable des essais et mise au point des produits nouveaux travaille avec un metteur au point côté froid et quarante-neuf personnes (les palettistes et les convoyeurs, la gestion administrative de production). L’année 1989 voit l’embauche de 9 électromécaniciens au service Fabrication, diplômés B.E.P., Bac F3.
Des verriers à main fabriquent au four 6 des objets produits en petit nombre : verres triangulaires, sucriers. Un poste de verrier à main occupe un cueilleur, un souffleur et un presseur.
Le service MOULERIE a une place particulière car toute la production dépend de la conception des moules qui sont fabriqués sur place.
Dans ce service, on a compté jusqu’à cinquante professionnels avec un tour de main et un sens artistique valorisants et deux contrôleurs car la précision est indispensable : par exemple par le remplissage d’eau d’un moule ébaucheur. Ceux-ci peuvent voir si la goutte d’eau en plus de la norme aurait des répercussions sur le « Pack to melt » : une erreur poserait des problèmes aux fabricants des produits qui vont remplir les pots.
Les tours sont au nombre de sept dont à deux commande numérique.
De nombreux autres spécialistes assurent le fonctionnement du service moulerie : vingt ajusteurs, des soudeurs, des employés de bureau au milieu.
Dans cet atelier de fabrication des moules, tous les professionnels ont un C.A.P. : tourneur, fraiseur, ajusteur, chefs d’équipe, chefs d’atelier et dessinateurs au nombre de quatre.
Trois personnes à la FUSION délivrent tout le verre nécessaire à la fabrication suivant des critères précis de qualité, au moindre coût, tout en préservant la vie des fours. Un conducteur de four assure la surveillance des installations et anime une équipe.
L’énergie est un poste important, une personne gère 264 compteurs (électricité et gaz). Le four 8 par exemple consomme 1500 m3 de gaz à l’heure, l’équivalent d’une année de chauffage d’un pavillon individuel en 1989.
Le service DÉCOR (bureau d’études décor) doit satisfaire les goûts des clients.
Les décors sont élaborés pour plaire au public ou à certains clients, en fonction de la culture et des goûts du pays dans lequel ils seront commercialisés comme l’herbier distribué en Suisse. Ils varient suivant les saisons comme pour « Cocktail », « Tropic »…
Le Service QUALITÉ compte, dans les années 1990, vingt-deux personnes dont dix qui travaillent en cinq fois huit heures. Les fours ne s’arrêtant pas, la qualité doit être surveillée même la nuit. Les clients sont exigeants, les pots pour bébé GERBER sont très sollicités sur le plan mécanique (chocs, pression…). « Grâce aux efforts de notre équipe BBF (babyfood), la qualité VMC des dernières fabrications s’est élevée au niveau de celle de ST GOBAIN. Bravo ! »(( VMC (1) de mars 1989 n° 10 ))
Le service ENTRETIEN (SEM) compte 21 personnes pour la maintenance de l’équipement du secteur chaud et les changements de fabrication, un chef de service, des « maçons-fumistes » (qui s’occupent de tous les tuyaux), un responsable de chaque service : garage, service électronique, service électricité et service cour.
Le service CONDITIONNEMENT compte alors environ trois cents personnes. Le personnel est surtout féminin dans ce service, le travail est très dur, les doigts sont vite abîmés. Les ouvrières emballent les bocaux dans du papier kraft alors qu’ils sont encore chauds.
Ajouter au bocal les fermetures métalliques n’est pas si simple. Même les couvercles vissés peuvent provoquer des douleurs quand on a de petites mains et un gros couvercle à visser.
Les couvercles et les armatures en fer sont faits par un sous-traitant dans la Marne.
Le service STOCKS-EXPÉDITIONS, dernier maillon de la chaîne de fabrication est « celui qui relie aux clients ». En 1988, dix caristes suivent une formation de quatre jours pour maîtriser les méthodes modernes de gestion de stocks.
Ce service gère environ 2400 références représentant 58 000 palettes stockées sur 21 000 m2 dans l’usine d’où un grand nombre de manipulations((VMC (1) de mai 1988 n° 1)).
Il faut ajouter à ces services plus particulièrement dédiés à la production, le service MARKETING en relation avec la Responsable Qualité et les attachés commerciaux. « Le chef marketing ou chef de produits a pour mission de créer, d’adapter, de promouvoir la gamme de produits susceptibles de développer le chiffre d’affaires avec une rentabilité conforme aux objectifs poursuivis par l’entreprise », dit M P. Laurent, directeur du Marketing((VMC (2) n°1 de juin 1989)).
Le personnel est géré par le Service RELATIONS SOCIALES qui s’occupe de la formation, de la sécurité, de l’accueil, du standard, de la reprographie, du personnel de ménage.
Lorsque l’entreprise tournait à plein avec plus de 1800 ouvriers, le Service MÉDICAL fonctionnait avec un médecin et trois infirmières, puis deux infirmières lorsqu’il y avait entre 800 et 1400 ouvriers et une seule en-dessous de 200. Les tâches ne manquaient pas : visites annuelles, examens de prévention, visites d’embauche et de reprise de travail. Un tiers-temps supplémentaire était assuré pour le docteur en milieu professionnel pour conseiller l’employeur sur l’amélioration des conditions de travail, de l’hygiène et la sécurité.
La communication interne s’intensifie dans les années 1980. En 1988 c’est la sortie du premier numéro du mensuel d’entreprise dénommé Verre Mensuel Communication (VMC donc). Ce mensuel « se propose de faire mieux connaître ce qui fait la vie de l’entreprise : les personnes et leur travail, les installations, les machines, les produits, les principaux indicateurs »((Propos du Directeur de la publication dans le n°1 de mai 1988)).
Ce sont 12 numéros de Verre Mensuel Communication, journal de l’Usine de Reims, qui ont paru de mai 1988 à mai 1989 (VMC1) puis de juin 1989 à 1991 (VMC 2). En septembre 1991, un nouveau journal d’entreprise voit le jour, il est trimestriel et se nomme Point Fusion avec en sous-titre : le magazine VMC.
Un club des cuisinières Le Parfait est créé pour recevoir des recettes, des conseils, des astuces, des cadeaux…
Au Festival de la Communication Interne du groupe BSN, une mention spéciale du Jury est délivrée à VMC pour les performances de l’entreprise.
VMC vend dans plus de quatre-vingt pays au monde et exporte 75 % de la verrerie de table. Elle est présente chaque année au Salon International Professionnel des Arts Ménagers à Paris, Francfort, Milan ainsi qu’à Birmingham, Düsseldorf, Chicago, à la foire internationale de Brno en 1991. Elle est également présente au Salon de l’Emballage à Villepinte, au salon Interpack (emballage alimentaire) à Düsseldorf en mai 1993.
En novembre 1989, VMC remporte l’Oscar de l’Emballage avec « Grain de Folie » de Maxwell , en collaboration avec les services des trois usines (fusion des 3 usines en 1985 VMC Reims, Givors et Rive de Gier avec siège social à Reims). Une affiche rappelant l’Oscar est mise dans les trois usines où il est dit que « l’innovation chez VMC est le résultat d’une bonne coopération entre tous les services des trois usines ». « VMC confirme son image de professionnel du verre au service de l’innovation »((Journal VMC(2), novembre 1989 n°5)). En 1990 encore, VMC est récompensé par le prix « Verre Avenir 1990 » donné par un jury de 40 journalistes, pour le pot de confiture Chambord, confiture haut de gamme avec fructose destiné au marché américain. Le jury a plébiscité la forme élancée du pot et le motif en relief ornant la base. VMC est à nouveau lauréat des Oscars de l’Emballage 1990 pour les 4 pots fruitiers Materne. C’est Materne qui reçoit le Trophée de l’Emballage car c’est le produit qui est récompensé et non pas uniquement le contenant !
VMC envisage de développer la publicité de marque avec des spots publicitaires pour le bocal Le Parfait à la télévision (quatre-vingt spots diffusés sur TF1, A2, FR3) ou encore la participation à des jeux radiophoniques en Pologne, puis en Hongrie et Yougoslavie où viennent de s’installer des agences de publicité.
Le 6 juillet 1990, VMC s’affiche à l‘élection de Miss Pologne. L’entreprise sponsorise l’événement avec la promotion de sa nouvelle marque VERECO : pendant les trois heures de direct à la télévision, les téléspectateurs ont pu voir de part et d’autre de la scène, deux panneaux publicitaires sur lesquels sont inscrits VMC, VERECO. Miss Pologne a reçu trois services VERECO et un mathusalem de Champagne, chaque autre concurrente s’est vu octroyer une bouteille de champagne et un service VERECO.
Ces récompenses sont le fruit d’un travail d’équipe traditionnel à VMC.
Sommaire du dossier
- Il était une fois VMC : une verrerie du XX° siècle (introduction)
- L’entreprise sait tirer parti des techniques anciennes qu’elle améliore
- VMC investit continuellement pour suivre l’évolution des techniques, satisfaire le goût des clients, limiter la pollution
- Des produits connus et vendus dans le monde entier
- VMC crée, fabrique, entretient machines et locaux, une vraie petite ville industrielle
- Un travail difficile, un fort esprit d’équipe
- Forte présence syndicale, CGT en particulier
- Évolution de l’entreprise
- En conclusion, une évolution symbolique de la marche vers la désindustrialisation, des traces de ce patrimoine à conserver ?
- Bibliographie et sitographie