Un nouveau siège social en plein centre-ville de Reims
Au début des années 1920, les Docks décident de s’offrir un nouveau siège social à Reims. Absolue nécessité ou volonté d’assoir le prestige de l’entreprise ?
Un premier projet à l’angle des rues Libergier-Chanzy n’aboutit pas.
Les Docks Rémois achètent alors différentes propriétés en ruines à l’angle des rues Vesle-Talleyrand (dont l’Hôtel Ponsardin où Napoléon a couché après la bataille de Reims en 1813) : l’entreprise fait procéder à la démolition des vestiges, doit régler un différend avec un riverain et s’assure l’expertise de Max Sainsaulieu, un beau-frère de Pol Gosset auquel ce second projet est confié. Le permis de construire est obtenu fin 1924 et les travaux commencent en 1925.
L’imposant immeuble offre une superficie de 2 110 m², en raison de la volonté d’y accueillir des expositions permanentes, inspirées d’exemples allemands vus à Stuttgart, comme celle de 1933 organisée par l’Union Champenoise des Arts Décoratifs.
Il est surmonté par un dôme d’esprit haussmannien, imposé dans les édifices à construire dans certaines rues du centre-ville. Sa coupole octogonale domine un toit en terrasse de 9,2 m et culmine à 38 m du sol, ce qui fait de cet immeuble le plus haut bâtiment de la reconstruction à Reims.
L’entreprise fait appel à des artistes locaux, le sculpteur A. Chatillon, le ferronnier Edgar Brandt et le maître verrier Jacques Simon, ce qui laisse augurer du caractère luxueux de l’édifice.
Le luxe de la construction s’affiche d’abord sur la façade, habillée de pierre de Chauvigny venue de la Vienne, qui repose sur une ossature en béton armé composée de 82 piliers s’élevant des fondations jusqu’à la coupole.
La façade porte des groupes sculptés significatifs.
Outre Mercure et ses attributs, ornant la base du dôme et une sculpture qui montre des enfants déballant des paquets rue de Talleyrand, trois bas-reliefs surmontent l’entrée à l’angle de l’édifice et évoquent la région ainsi que l’entreprise.
Côté rue de Vesle sont représentés le commerce et l’industrie. C’est la Champagne et Reims qui sont symbolisées rue de Talleyrand par la représentation du vignoble et de la cathédrale. Sur le pan coupé, une corbeille de fruits rappelle l’importance de l’alimentation et donc la principale composante de l’activité des Docks Rémois.
Ces trois sculptures, jugées trop lourdes, ont été déposées avant la Seconde guerre mondiale et transférées au musée des Beaux-Arts.
Le rez-de-chaussée de l’immeuble s’ouvre sur un grand vestibule à deux portes à l’angle des deux rues.
Il abrite un magasin du Gaz de Reims donnant sur la rue de Vesle, une galerie d’exposition « qui pourrait être convertie plus tard en salon de thé », le magasin de primes puisque celui de 1907 situé Place Royale est détruit et surtout un magasin Familistère modèle (charcuterie, fruits et légumes …) pour lequel Pol Gosset compose un mobilier très soigné, alliant chêne et ferrures en nickel. Pour les supports des étalages de charcuterie on utilise le marbre et le fer forgé. Les Rémois baptiseront cette succursale hors norme « le Grand Familo ».
Rue de Talleyrand, la porte donne accès à un escalier monumental surplombant une fontaine ornée d’une niche, de poissons, d’une mosaïque de verre de Briare verte avec des points d’or « pour donner un effet de soleil sur la transparence de l’eau ».
Des bureaux, éclairés également par la cour principale, occupent les étages, sauf une partie du 5e niveau réservée pour l’École Supérieure de Commerce. L’espace sous la coupole, dont l’utilisation n’est pas définie, sert au service reprographie après 1945.
Ce nouveau siège social, remarqué pour son luxe intérieur et sa façade au décor recherché, devient la vitrine de l’entreprise, en plein centre-ville.
Sommaire du dossier :
- La fondation des Docks Rémois : une adaptation nécessaire face à de nouvelles forces de consommation
- Un nouveau site conçu pour utiliser les ressorts industriels imaginés au XIXe s.
- Des bâtiments pensés en fonction de la stratégie d’intégration verticale
- Un nouveau siège social en plein centre-ville de Reims
- Des points de vente normalisés
- Une relation originale à la clientèle
- Un patrimoine à défendre
- Bibliographie. Pour en savoir plus…
- Galerie photos de la visite « mercredi de l’APIC » d’octobre 2018
- Entretien avec Maryse Baudson et Alain Rollinger dans l’émission France Bleu Midi du 29/11/2017