Les bâtiments

Des bâtiments pensés en fonction de la stratégie d’intégration verticale

Outre les espaces aménagés pour assurer la réception et le stockage ou la transformation des marchandises, l’entreprise prévoit d’intégrer dans le nouveau site de Bétheny tout un ensemble de services lié plus ou moins directement à l’activité principale de distribution.

Les différentes fonctions dans les entrepôts de Bétheny

Plans établis en 1920 pour la reconstruction
Plans établis en 1920 pour la reconstruction
Plans établis en 1945 pour la reconstruction
Plans établis en 1945 pour la reconstruction
Légende
Les différentes fonctions dans les entrepôts de Bétheny – D’après GeC-CLT-0095 – Réalisation : Région Alsace Champagne-Ardenne Lorraine / juin 2016 – Sources : Archives départementales de la Marne (Reims), 10R4648 4

L’administration et l’organisation des services sont placées en façade d’un bâtiment central pourvu d’un perron qui donne accès à un escalier d’honneur conduisant, entre autre, à la salle du conseil d’administration.

Le stockage est dispersé entre des salles d’intérieur, des hangars situés à l’arrière des bâtiments mais également des sous-sols, dans plusieurs niveaux de caves abritant surtout les produits frais et les liquides.
Jusqu’au milieu du XXe siècle, les Docks Rémois assuraient eux-mêmes la fabrication des tonneaux. La tonnellerie disparait ensuite au profit d’installations plus modernes et les tonneliers se reconvertiront alors à la menuiserie.

Une partie de la cuverie moderne
Une partie de la cuverie moderne, encore utilisée pour le stockage de vins – Cliché Maryse Baudson, 2019

Les cuves, à vin en ciment verré ou en acier émaillé, ont une capacité de 10 millions de litres. Les vins de table stockés en cuves d’au moins 120 000 l sont d’abord contrôlés par le laboratoire, puis clarifiés, stabilisés par réfrigération à 0°, en enfin filtrés.
Les vins d’appellation d’origine sont reçus dans des cuves plus modestes, puis mis en bouteille sous la surveillance de l’ingénieur œnologue du laboratoire. Les alcools (rhums, eaux de vie, liqueurs) sont conservés dans des cuves en acier émaillé (capacité de 280 000 l).
Les 100 000 l de sirops élaborés chaque jour, avec du sucre cristallisé dissous, sont filtrés et mélangés à des extraits de fruits dans un matériel en acier inoxydable.

Les cuves de salaisons
Les cuves de salaisons situées sous la charcuterie – Cliché Maryse Baudson, 2019

L’entreprise dispose également de chambres frigorifiques pour la conservation des viandes, fromages…
Dans l’entrepôt, on fabrique une partie des emballages à la caisserie.
Le site est indépendant pour l’énergie utilisée. Pour cette production, il utilise chaque jour 20 t de charbon, stocké dans 3 silos de 450 t. Une station d’épuration traite environ 600 m3 d’eau à déminéraliser avant son entrée dans les chaudières.
Les générateurs assurent une production de 6 000 volts. Une salle des machines annexes développe une puissance de 250 CV. Au total, l’entreprise dispose donc d’une puissance de 1200 CV utilisée par plus de 600 moteurs répartis dans les différents services et l’éclairage (4000 ampoules sont nécessaires malgré la lumière qui pénètre par de grandes verrières au niveau des toitures).
En 1961, la chaufferie, équipée d’appareils automatiques pour assurer l’alimentation en eau, le contrôle de la combustion et le débit de vapeur, alimente les services de production (charcuterie, liquides), le chauffage et la centrale thermique. Quatre chaudières produisent la vapeur. Une cheminée de 52 m de haut évacue les gaz ; elle est ceinturée à 29 m de haut par un château d’eau de 100 m3.
Cette réserve d’eau peut également servir au service incendie, qui assure la sécurité des locaux et qui intervient parfois au profit de la population du quartier ou de Reims.
L’entrepôt élabore aussi la majeure partie des documents qu’elle utilise, soit pour la publicité, soit pour le fonctionnement interne, par exemple les livrets de commandes utilisés par les gérants des succursales, car l’imprimerie dispose d’un atelier de composition et d’un atelier de brochage.

L’imprimerie dans les années 1920
L’imprimerie dans les années 1920. Machine à grand rendement pour impression des prospectus – Livre du quarantenaire des Docks rémois, 1888-1928 – Coll. particulière

Elle crée même en 1954 une école de gérants dans l’entrepôt, avec une succursale et un libre-service factices dans lesquels on leur enseigne les qualités d’un bon vendeur, une salle de conférences, une réserve et un camion. 3500 couples y sont formés en 17 ans. La revue Famy-journal, qui les informe sur les différents services de la société, et des fascicules spécialisés complètent leur formation pour une meilleure connaissance des vins, des articles textiles…
Et l’ensemble des petites annexes, bâties aux limites du site, qui constituent des abris ou des ateliers de réparation ou qui permettent de se débarrasser des déchets, complètent la structure de l’entreprise.
Signalons par ailleurs que l’étalement des activités dans tout le Nord de la France s’accompagne de la multiplication des entrepôts. Les Docks Rémois disposaient avant 1914 d’installations de stockage à Pantin, en région parisienne, installations qui leur permettront d’y délocaliser une partie des activités et de pouvoir ravitailler les succursales non sinistrées pendant la Grande guerre.
La création de succursales de plus en plus éloignées de Reims conduit  à aménager d’autres entrepôts, plus proches des nouveaux magasins afin de réduire le temps et le coût des trajets de livraison, moins complets que ceux de Bétheny mais adaptés aux besoins régionaux. Vers 1960, les villes de Cambrai et Compiègne, disposent d’équipements de stockage régionaux ; à Bercy, Charleville et Longuyon existent des « centres d’éclatement » pour les fruits et légumes ainsi que pour les produits frais.
Les aménagements étaient donc pensés pour pouvoir fonctionner en autonomie, si l’on excepte les arrivages de marchandises.


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