L’Espagne, un pays de mines

« Monument au mineur » à Almadén – Cliché APIC, 2015

Depuis la plus haute antiquité, on sait que l’Espagne regorge de ressources métalliques et minières. Les ibères prospectaient et connaissaient la plupart des gisements. Les Phéniciens connaissaient la route vers l’actuelle Andalousie où ils se procuraient l’or, l’étain et surtout l’argent qu’ils revendaient dans le Proche-Orient. De nombreuses colonies phéniciennes ont été identifiées à Cadiz (l’ancienne Guadir) et sur le littoral qui va de Malaga à Almeria. L’île d’Ibiza a été colonisée par les phéniciens et leur a servi d’escale.

Circuit du voyage

Vers le milieu du VIe siècle avant notre ère, les Carthaginois succèdent aux phéniciens. Ils créent Carthagène et Sagunto. Malaka (Malaga) est leur principal centre commercial. Au nord de la péninsule, les grecs tiennent des positions-clés, dont Ampurias, non loin de la Cerdagne, où l’on exploite les sables aurifères. La domination romaine sur toute la péninsule consolide la recherche et l’exploitation de métaux précieux (Las Medulas) mais aussi le plomb argentifère de Carthagène, et de nombreux autres minerais, présents dans la péninsule, comme le mercure, qui entrait dans la composition du rouge pompéien. Cependant il semble bien que ce soient les musulmans qui exploitèrent Almadén de façon systématique, car le vocabulaire de la mine est entièrement d’origine arabe. À la même époque, la métallurgie du fer était développée par les sociétés féodales adossées aux Pyrénées, où l’on trouvait du minerai de fer de haute teneur.

À partir du XVIe siècle, le mercure, nécessaire à l’amalgamation de l’argent, acquiert un rôle sans précédent et assure les revenus de la Couronne, bien qu’Almadén ait été gagé aux banquiers Fugger auprès de qui Charles Quint était toujours endetté.

Avec l’industrialisation de l’Europe, et face à la faiblesse des institutions espagnoles, les mines deviennent des proies pour les sociétés d’exploitation franco-belges et surtout anglaises lesquelles s’emparent de Rio Tinto et de Peñarroya. La fin du XXe siècle entérine l’épuisement des mines et la fin d’une métallurgie autochtone digne de ce nom.


Retour sur cinq sites emblématiques visités lors du voyage d’études de l’APIC en 2015.
Carnets de voyage réalisés par Patrice Gielen :


Pour en savoir plus, de l’Antiquité à nos jours :

  • C. Domergue, 1990, Les mines de la péninsule ibérique dans l’Antiquité romaine, collection de l’Ecole de Rome, 127
  • G. Dorel-Ferré, 2013, « Les ingrédients de la réussite, le cas d’Almadén, Castilla-la Mancha », Archéologie industrielle en France, n° 60
  • G. Chastagnaret, 2000, L’Espagne, puissance minière dans l’Europe du XIXe siècle, Madrid, Casa de Velasquez
  • D. Woronoff , 2003, « Présentation de l’ouvrage de G. Chastagnaret », Revue d’Histoire moderne et contemporaine, 2003/4, N° 50-4
    https://www.cairn.info/revue-d-histoire-moderne-et-contemporaine-2003-4-page-198.htm