Une ancienne usine devient centre culturel à Ekaterinbourg

Une usine de traitement de l’or transformée en centre culturel a ouvert ses portes à Ekaterinbourg en 2018.
Écrit par Gracia Dorel Ferré d’après un document d’Elena Alekseeva

L’ancienne usine de traitement de l’or (Cliché Maryse Baudson, APIC 2019)

En juillet 2019, une délégation de l’APIC s’est rendue à Ekaterinbourg, la grande ville ouralienne, capitale de l’oblast (région administrative) de Sverdlovsk. Au cours de notre séjour, nous avons pu visiter le centre culturel « Grande Galerie », la toute récente reconversion d’une usine de traitement de l’or extrait de la région. Cette belle réalisation vient s’ajouter à un patrimoine industriel exceptionnel.

L’entrée du centre culturel dominée par la statue de Pierre le Grand (Cliché GDF, APIC 2019)

Née en 1723 d’un barrage aux proportions monumentales, Ekaterinbourg a été non seulement l’une des toutes premières villes industrielles qui fournissaient l’Empire en fer et en cuivre, mais aussi le cœur de l’administration et de la gestion d’une vaste région dont l’exploitation relevait de l’Etat et de quelques très grands propriétaires comme la famille Demidov. Malgré des conditions climatiques terribles, les nombreuses mines de fer et de cuivre des alentours étaient exploitées dans le cadre d’un système de villes-usines situées autour du barrage hydraulique qui leur fournissait l’énergie. Le minerai obtenu était envoyé vers Moscou et Saint Pétersbourg, à la belle saison, en profitant d’un réseau fluvial tourné vers l’ouest. Grâce aux mines de l’Oural, la Russie impériale devient exportatrice de fer pour toute l’Europe. Mais au milieu du XIXe siècle, la découverte de riches gisements aurifères vient tout bousculer. Ce fut une ruée, semblable à celle qui saisissait la Californie au même moment, avec des effets analogues : richesses du jour au lendemain, faillites sensationnelles, construction de demeures toutes plus ambitieuses les unes que les autres, effervescence partout… Le minerai contenait non seulement l’or mais aussi du platine et d’autres métaux de ce groupe (palladium, iridium, rhodium, osmium et ruthénium). Purifié sur place, le minerai était envoyé ensuite dans des usines de traitement à Ekaterinbourg, dont celle qui avait été établie en 1916 par la société minière Nicolas Pavdinsky. Pendant la période soviétique, cette usine a traité les métaux précieux et les alliages. Elle a produit les lingots d’or, des pièces de joaillerie, etc. Cependant, située dans le cœur du centre-ville, ses locaux étaient devenus inadaptés, sans possibilité de s’étendre et elle ne manquait pas de poser des problèmes d’environnement. En 2007, on décida que cette production se ferait désormais dans l’usine de Verkhnyaya Pyshma, un autre centre industriel, situé près d’Ekaterinbourg, dans la campagne ouralienne.

Après la décision du transfert de l’usine, plusieurs projets ont vu le jour en vue d’utiliser les locaux de l’ancienne usine et mettre à profit son emplacement exceptionnel. Finalement, le parti pris adopté a été de restaurer le bâtiment de l’ancienne usine et de l’agrandir avec une immense structure parallèle aux larges baies vitrées qui respecte les volumes de l’ancienne usine et la laisse complètement apparente. La partie nouvelle, donne sur l’avenue Lénine, l’une des artères les plus importantes de la ville.

La jonction entre l’ancienne usine et la partie moderne (Cliché Maryse Baudson, APIC 2019)

L’ensemble comprend des appartements, des bureaux et un espace d’exposition, qui relié à l’ancienne usine, forme l’ensemble culturel appelé « Grande Avenue ». Les salles de la « Grande Avenue » ont été ouvertes en février 2018, avec une exposition des œuvres des plus fameux représentants du « pop art » : Roy Lichtenstein, Andy Warhol, Takashi Murakami, Keith Haring, Robert Rauschenberg. Sont exposées également les œuvres de célèbres artistes ouraliens ainsi que la collection privée de pierres ouraliennes de Vladimir Pelepenko, qui compte plus de 1000 échantillons. Un autre espace est consacré aux statues de pierres de la maison Alexei Antonov, d’une qualité artistique époustouflante. Enfin, une partie des salles d’exposition est dédiée au premier or russe trouvé dans la mine de Berezovski, près d’Ekaterinbourg, ainsi que d’autres richesses prêtées par de généreux collectionneurs privés.

Une salle d’exposition dans l’ancienne usine (Cliché Maryse Baudson, APIC 2019)
Un échantillon de la collection de minéraux de Vladimir Pelepenko. La pierre violette est la célèbre charoïte que l’on ne trouve qu’en Sibérie (Cliché GDF, APIC 2019)
Une statue de pierres diverses, de la collection d’Antonov (Cliché GDF, APIC 2019)

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