Province de Cordoue – Communauté autonome d’Andalousie
Charles Ernest Ledoux : une présence française dans le développement minier et industriel
La visite de ce site débute par la découverte du musée géologique minier. Y sont présentées dans toute leur diversité les ressources minéralogiques régionales et nationales de l’Espagne. Les ressources des minerais métalliques se trouvent essentiellement localisées dans la Sierra Morena, elles correspondent au cycle de minéralisation magmatique hercynien. On y trouve des pyrites de cuivre, de fer, des gisements de plomb (Penarroya-Linares), du cinabre dans les quartzites d’Almaden et de la houille (Penarroya) dans les synclinaux carbonifères.
La dynamique de cette zone industrielle relève du rôle éminent d’un personnage central, un ingénieur français : Charles Ernest Ledoux (1837-1927). C’est un polytechnicien et un ingénieur des mines (de famille normande) qui développe à la fin du XIXe siècle en France et en Espagne une expertise scientifique, technique et entrepreneuriale exceptionnelle.
Au cœur de l’Ecole des mines de Paris mais surtout d’Alès, il met toutes ses compétences au service de la recherche géologique, de l’exploitation des minerais et du développement des entreprises minières et métallurgiques. Son intérêt se porte également sur le développement des réseaux de chemin de fer en lien avec l’industrie extractive.
Après avoir eu la charge de relancer l’exploitation des mines de plomb du Laurion (Laurium) en Grèce en 1867 (en développant une fonderie à Ergastiria), par ses relations au sein de l’Ecole des mines, il devient en 1875 ingénieur-conseil auprès de la Société des mines de Bélmez dans la Sierra Morena (au Nord de Cordoue) qui exploite de la houille. Dans le voisinage de cette localité, il existait une exploitation de filons de plomb argentifère, dont les débuts dataient de l’époque des Romains. Il préconisa d’installer une fonderie de plomb à Peñarroya-Pueblonuevo afin de consommer le charbon extrait, apporté par un réseau de chemin de fer.
En faisant appel aux banques françaises (Rothschild, Mirabaud), Charles Ernest Ledoux se lance dans une carrière industrielle. En 1881, est créée la Société minière et métallurgique de Peñarroya-Pueblonuevo dont il sera le Directeur général jusqu’en 1897. Le développement prend vite son essor en 1892 la production atteint 29 000 tonnes de plomb raffiné. En 1912, suite à la collecte des minerais de la région, les fonderies produisaient 64 000 tonnes, un tiers de la production de l’Espagne et 6% du total mondial de plomb. En 1917, en pleine Première guerre mondiale on atteint 10% du produit mondial.
On y trouvait une fonderie de plomb, une centrale thermique, une usine de désargentation (extraction de l’argent du minerais brut), une de produits chimiques… apportant une pollution industrielle soutenue. A la fin du XIXe siècle, une colonie de Français s’implantera dans cette localité.
Ce site devient un grand pôle industriel de la communauté autonome d’Andalousie et le premier de la Province de Cordoue, avec plus de 20 000 habitants.
Dans les années 1920, l’entreprise s’ouvrira à d’autres minerais (argent, zinc…) et restera une société majeure dans le monde en s’implantant sur tous les continents. Après 1945, la société Penarroya se transformera et changera de nom : Imetal, puis Metaleurop et aujourd’hui Recylex. Devenue une multinationale française, elle représente un des symboles majeurs de l’histoire industrielle du XXe siècle.
Actuellement à l’état de friches industrielles, il ne subsiste qu’un vaste paysage de ruines noircies où émergent des hautes cheminées, des murs en briques des anciennes usines, de voies d’accès… Panorama qui peut sembler lugubre mais qui montre la puissance passée de ce dynamisme industriel. Ernest Ledoux est un exemple-type de l’investissement technique, entrepreneurial et financier de la France au XIXe siècle. Son personnage appartient aux familles de la bourgeoisie protestante qui, entre autres, ont porté le développement industriel européen.
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