Article rédigé par Maryse Baudson et Gracia Dorel-Ferré, avril 2025
Briqueterie, briqueteries.
Le choix de Saint-Imoges en tant que lieu à sauvegarder et à mettre en valeur, par la Fondation du patrimoine et Stéphane Bern nous renvoie à une réalité bien plus complexe.
Dans toutes les régions où l’argile affleure, les briqueteries ont été nombreuses. Il n’est que voir la carte de Cassini, dressée au XVIIIe siècle, pour constater leur densité, avec les tuileries et les industries de la terre. Cette activité a été particulièrement importante en Champagne-Ardenne. Non seulement l’argile a permis la fabrication de briques, de tuiles et de poteries diverses mais, en outre, le XIXe siècle s’est illustré dans la « fabrique des saints », statues et autres décorations faites d’argile et de chaux, qui ornent encore les églises.
L’Atlas du patrimoine industriel de Champagne-Ardenne nous le rappelle et nous donne des exemples étonnants (pp.108-109), dont la fameuse sainterie de Vendeuvre (pp.112-113).
Cet art populaire s’est doublé au XIXe siècle d’une production industrielle, car la brique était le matériel abondant et bon marché, pour la construction des usines et des maisons. Cette préférence pour la brique a duré jusqu’au moment où la fabrication des matériaux de construction à base de béton, sans attaches avec les ressources locales, a déclassé et définitivement mis au rencart ce symbole de la construction populaire.
La décision de restaurer Saint-Imoges est donc, au-delà d’un repère emblématique de la Montagne de Reims, le rappel d’un phénomène plus large, qui a marqué les paysages autrefois et dont il ne reste plus que de rares vestiges.
Notre collègue apicienne Maryse Baudson a représenté l’APIC lors du lancement de l’opération « Restauration de la briqueterie du Vertin » à Saint-Imoges, organisé le 19 mars 2025 par le Parc régional de la Montagne de Reims, en partenariat avec la Fondation du Patrimoine.
La briqueterie du Vertin à Saint-Imoges : un témoin de l’industrie de la terre cuite dans la Marne.
La briqueterie, fondée en 1869 au lieudit Bellevue, dépendait de l’entreprise de Dizy et produisait deux millions de briques par an. Elle a fermé dans les années 1930.
Propriété du Parc naturel régional de la Montagne de Reims depuis le début des années 2000, le site retenu par la Mission Bern après le Loto du Patrimoine 2024 va faire l’objet d’une restauration, en partenariat avec la Fondation du Patrimoine, avec mise en place d’un parcours pédagogique.
On pourra alors découvrir le processus de fabrication des briques mais aussi comprendre l’impact de cette activité sur le patrimoine local et celui de l’extraction de l’argile sur la biodiversité actuelle.
Pour en savoir plus sur le sujet, lire ou relire l’article de Géraud Buffa dans Les arts du feu – Cahier de l’APIC n°6, 2008.
Galerie de photos prises par l’APIC lors de la visite du site et cartes postales anciennes (collection particulière) :