Une exposition a eu lieu à Sézanne sur l’Impasse Ronsin de Paris. Dans les années 30 du XXe siècle, ce fut un village d’artistes, dont est issue Annaëlle Topenot, la peintre de Sézanne, dont l’œuvre est un chant passionné à l’industrie et aux machines. L’exposition a été organisée par son fils, Christophe Emmanuel Del Debbio, qui nous a ouvert généreusement ses archives.
Nous reproduisons ici la présentation de l’exposition.
L’impasse Ronsin est située dans le XVe arrondissement de Paris, à la hauteur du 150 rue de Vaugirard…« Le premier peintre à s’être installé dans l’impasse est Louis-Charles Auguste Steinheil, qui fait construire une grande maison en 1872, au numéro 6 bis. Spécialisé dans les vitraux, il décède en 1899.
Son fils Adolphe, artiste-peintre, s’installe dans cette maison cossue avec Marguerite Steinheil, cette dernière étant connue pour avoir été la maîtresse du président Félix Faure, dans les bras desquels il aurait succombé. Le 31 mai 1908, un nouveau drame se produit, lorsqu’on retrouve Adolphe Steinheil et sa belle-mère assassinés dans la villa. Tous les journaux se passionneront alors pour ce fait-divers non élucidé, qui verra Marguerite Steinheil un temps soupçonnée, emprisonnée puis acquittée.
On doit la renommée artistique de cette impasse au sculpteur Alfred Boucher. En 1892, il acquiert des terrains nus qui vont devenir la cité d’artistes au n°11. Pour l’anecdote, dix ans plus tôt, il confiait aux bons soins d’Auguste Rodin une jeune élève plutôt douée, du nom de Camille Claudel.
Alfred Boucher se fait construire deux grands ateliers, l’un pour montrer ses œuvres et ses collections de tableaux, l’autre pour le travail de la pierre et du marbre. Sur la même parcelle, il fait aussi construire une vingtaine d’ateliers plus petits, tous sur le même modèle.
Ces ateliers abriteront durant près de quatre-vingt ans pas moins de cent-quarante peintres et sculpteurs, dont certains sont aujourd’hui renommés, mais beaucoup d’autres oubliés. Le plus connu est le sculpteur roumain Constantin Brancusi, qui occupe des ateliers jusqu’à son décès en 1957. Après la guerre, une nouvelle génération d’artistes profite de cet oasis en plein Paris, où les démolitions successives créent de vastes espaces permettant d’expérimenter le tir à la carabine pour Niki de Saint Phalle, par exemple, ou la création de machines bruyantes par Jean Tinguely. On peut citer aussi Max Ernst, François-Xavier Lalanne, Reginald Pollack ou Larry Rivers. Le dernier artiste à quitter ces lieux en 1971 est le sculpteur André Almo Del Debbio, qui avait créé une école de sculpture sur pierre et accueilli trois-cents élèves de toutes nationalités durant dix-sept ans.
L’impasse Ronsin est aujourd’hui annexée par l’hôpital Necker, qui y a fait construire plusieurs bâtiments.