Une maison de maître de forges à Rupt (Haute-Marne)

Une grande bâtisse de Haute-Marne en péril, située à Rupt, près de Joinville, a été sélectionnée par la mission Stéphane Bern pour l’édition 2021 du loto du patrimoine afin d’être restaurée. Il s’agit d’une maison de maître de forges.

Article extrait du dossier « Loto du patrimoine »

Émile FERRY, maître de forges, et industriel dans la Guerre de 14-18
(article de Philippe Delorme, décembre 2022)

La maison de maître de forges à Rupt en Haute-Marne, près de Joinville, va être restaurée grâce à la mission Stéphane Bern 2021 – © Fondation du patrimoine_MyPhotoAgency_Nicolas Dohr
Article extrait du dossier « Loto du patrimoine »

Une ancienne maison de maître de forges de Rupt, en Haute-Marne va bénéficier du soutien de la mission Stéphane Bern en 2021. La nouvelle est officielle depuis le 5 avril 2021. Il s’agit du seul monument sélectionné dans le Grand Est pour le Loto du patrimoine. 13 monuments ont été sélectionnés en France. Cette superbe bâtisse est en état de péril, voire de « très grand péril ». En effet toutes les toitures et leurs éléments sont abîmés et percés, avec des infiltrations sur les charpentes, qui commencent à montrer des signes importants de faiblesse. « Si rien n’est fait d’ici deux ou trois ans, la survie de l’édifice est menacée : une partie des communs est d’ores-et-déjà effondrée« , précise la mission Bern dans un document qui présente ce site patrimonial privé.

Ce soutien va permettre de restaurer l’ensemble des couvertures et façades afin d’assurer la pérennité de l’édifice et mener plus sereinement les autres restaurations à l’avenir. En parallèle, d’autres travaux, plus modestes, vont être réalisés (hors Mission) : comme le nettoyage et la replantation de l’ensemble du jardin, restauration des serres et intérieurs du château si les toitures sont sauvées, etc. Les travaux de nettoyage du jardin ont déjà démarré et se poursuivront en 2021 avec la reprise des allées et le début des plantations. La maison appartenait à un maître de forges, c’est ainsi qu’on appelait le propriétaire et dirigeant d’un établissement métallurgique de production de fer, de fonte ou d’acier.

Un an de travaux

Le démarrage officiel des travaux est prévu pour 2022, ils doivent s’achever en 2023. La collecte de fonds est à l’étude. Mais le bâtiment est considéré d’intérêt patrimonial. « Il s’agit d’une maison de maître de forge typique du XIXe siècle, réalisée à partir d’un petit château du XVIIIe siècle dont la structure est toujours lisible, notamment dans le grand salon. Demeure de la famille Ferry-Capitain aux XIXe et XXe siècles, dont la fonderie en fait l’une des plus importantes de l’est de la France concernant l’histoire du fer, elle arbore tous les décors typiques de l‘architecture éclectique, tout en conservant la sobriété classique de la construction d’origine ».

Nichée au cœur d’un parc romantique encore présent, elle est représentative de l’art de vivre d’une famille bourgeoise dans l’épopée haut-marnaise de la fonte d’art au XIXe siècle.

Le coût total des travaux est estimé à 455 000 €. Le projet de valorisation doit permettre de restaurer cette maison de maître de forges et l’intégrer dans le circuit haut-marnais et meusien de la fonte d’art, avec Metallurgic Park, Ecurey, le Val d’Osne, etc. Si des haut-fourneaux, paradis ou halls d’usine sont visitables, il n’existe pas de maison de maître de forges, élément stratégique de l’organisation de la Haute-Marne industrielle du XIXe siècle.

Maison de maître de forges à Rupt – © Fondation du patrimoine_MyPhotoAgency_Nicolas Dohr
Vue arrière de la maison de Rupt – © Fondation du patrimoine – MyPhotoAgency_Nicolas Dohr

De plus, les propriétaires, une société familiale, souhaitent mettre en valeur le jardin romantique qui entoure le château en y restaurant la serre et en travaillant le végétal, pour développer un échange productif de plantes locales en lien avec d’autres jardins du territoire. Le jardin et la maison, qui ne sera pas habitée, sont tous deux destinés à être ouverts au public dans ce village de 340 habitants, à 2km au sud de Joinville.  Depuis sa création en 2018, la mission Bern a déjà permis de répertorier 4000 sites en danger qui ont pu être identifiés partout en France. Les sites jugés prioritaires sont sélectionnés en concertation entre les services du ministère de la culture et de la Fondation du patrimoine.

Émile FERRY, maître de forges, et industriel dans la Guerre de 14-18

Article de Philippe Delorme, Membre de l’APIC, décembre 2022

Sans trop le savoir, la Mission Bern a distingué la demeure d’un maître de forges emblématique de l’histoire métallurgique de la Haute-Marne, en particulier pendant la Guerre de 14-18..

Émile Ferry (1860-1943) est un industriel qui présente deux « faces », une face « FERRY », donc lorraine, et une face « CAPITAIN », par son épouse, et donc haut-marnaise, c’est-à-dire dans son rôle de gendre, à Bussy. C’est pourquoi on l’appellera ici FERRY-CAPITAIN.

1- Émile Ferry, en tant que « CAPITAIN » et dirigeant des Forges de Bussy (Joinville)

1.1- Un lorrain devenu haut-marnais

Émile Joseph FERRY, élève de Polytechnique – © Collections École polytechnique

Émile Ferry appartient à la famille Ferry, créatrice des très puissantes Aciéries de Micheville, dans le nord de la Lorraine sidérurgique, à Villerupt. Pour les forges de Haute-Marne, la sidérurgie lorraine devient un concurrent très sérieux dans les années 1880 et même un véritable « épouvantail » dans les années 1890. Il effectue de brillantes études à l’École des Mines de Paris et, surtout à l’École Polytechnique, ce qui aura son importance, on le verra.

Il se marie en Haute-Marne et épouse en 1888 une demoiselle Capitain parente du célèbre Élophe Capitain, « le Napoléon des Forges » des années 1840, dont la famille active les Forges de Bussy, à Vecqueville, tout près de Joinville. Quelques années plus tard, en 1895, comme l’autre gendre de la famille, il devient co-gérant de la société Capitain-Ferry & Cie.

Émile Ferry, élève de l’École des Mines de Paris – © Collections ENSMP

Émile Ferry fait donc le choix de travailler et de vivre en Haute-Marne. À la mort de son père, il prend les fonctions de vice-président délégué des Aciéries de Micheville. Tout en jouant un rôle non négligeable au sein du Conseil d’administration de cette puissante société, Émile Ferry préfère vivre en Haute-Marne, laissant la haute main sur Micheville à Ernest Nahan et à Paul Nicou. C’est dans ces circonstances que le couple Ferry-Capitain s’installe près de Joinville à quelques kilomètres des forges, au château de Rupt. Avec son épouse, il transforme cet ancien rendez-vous de chasse en une élégante et agréable résidence, tout en lui conservant des proportions raisonnables, sans rien d’ostentatoire, le tout étant inséré dans un parc à l’Anglaise, donnant sur la vallée de la Marne.

1.2- Quelques éléments pour situer les usines de Bussy

  • Le virage du coke (1864)

Les Forges de Bussy ont été les premières du département à élever un haut-fourneau « sur colonnes », fonctionnant au coke en 1864. (A la fin du 20e siècle, ce haut-fourneau sera démonté, déménagé et réinstallé bien en vue sur l’entrée de Joinville, comme emblème du patrimoine industriel de la Haute-Marne).

  • Le virage de la fonte d’art, d’ornement et d’industrie (1888)

En s’association avec les Fonderies de Cousances et de Dannemarie-sur-Saulx, Bussy entre de plain-pied dans le monde de la fonderie d’art et d’ornement, en compagnie des concurrents de Sommevoire, le Val d’Osne et Tusey. Ce n’est donc pas une surprise si à Saint-Dizier, le monument du siège de 1544 soit réalisé en 1905 par Capitain-Gény.

  • Le virage de l’acier (1900)

À l’exemple de Marnaval et du Clos Mortier (Saint-Dizier) on prend « le virage de l’acier » en 1900, acier de qualité car c’est du « Martin », et non pas du « Thomas » comme en Lorraine.

  • Le virage de Maxéville (1902)

Enfin, en juillet 1902, Capitain-Gény s’associe à d’autres maîtres de forges de Haute-Marne pour acquérir en Lorraine les hauts-fourneaux de Maxéville et leurs concessions minières. Cette opération leur permet de s’affranchir de la toute-puissance du Comptoir de Longwy, qui abusait de sa position de monopole pour écouler en Haute-Marne les fontes lorraines à des prix abusifs.

Portrait d’Émile Ferry adulte – Collection privée

1.3- 1914-1918 : des obus pour l’artillerie lourde

Dès le début de la guerre, l’usine est invitée à fabriquer des obus pour l’artillerie lourde. Celle-ci, on le sait, est bien inférieure en nombre et en qualité à celle de l’Allemagne. En attendant, on récupère les canons des navires de guerre. L’idéal serait de les alimenter d’obus en acier. Mais on manque tellement d’acier en France que, pour le moment on doit se contenter d’obus en fonte aciérée. L’usine de Bussy est ainsi l’une des dix à approvisionner l’artillerie lourde française en « obus de Marine ».

2- Émile Ferry, en tant que « FERRY » et dirigeant de Micheville (Marnaval)

2.1- Les évènements 1911 et 1914

Deux évènements contribuent à réorienter la carrière industrielle d’Émile Ferry, et à en faire pleinement un « Ferry ».

  • 1911 : Micheville rachète Marnaval

En 1911, les Aciéries de Micheville ont fait l’acquisition de la Société des Forges de Champagne, dont le site principal est celui de Marnaval, à Saint-Dizier Pour quelles raisons la puissante société lorraine s’est-elle intéressée à la société haut-marnaise ? La première est sans doute que Marnaval produit de l’acier Martin et que Micheville peut désormais présenter cette qualité à sa clientèle dans son éventail de productions. La seconde est que Marnaval a créé en 1900, une installation de fours pour produire du coke. Or, tout comme le charbon, le coke fait souvent cruellement défaut à la France, comme la presse spécialisée ne cesse de le déplorer. Disposer d’une unité de ce genre de fabrication constitue donc un atout non négligeable. On en reparlera.

  • 1914 : L’invasion allemande

Avec la guerre et l’invasion allemande de l’été 1914, tout est arrêté à Micheville, en attendant d’être pillé et dévasté. La famille Ferry réalise soudain qu’au lieu d’être réduite à néant, la Société dispose heureusement avec l’ensemble des Forges de Champagne créé par Émile Giros d’une véritable base de repli.
Elle va donc y procéder à de très importants investissements et travaux.

2.2- 1915-1916 : Les grands travaux de Marnaval, 1ère Vague (1915-1916)

Ainsi, sur l’initiative de la Société de Micheville, l’ensemble industriel de Marnaval est considérablement modernisé et agrandi. Un album de photographies vient célébrer l’achèvement des travaux en 1916 avec de nombreuses vues des installations et des personnels. Ici et là, on remarque la présence de femmes des environs et d’ouvriers venus d’Afrique du Nord.  Après la guerre, en avril 1919, le Conseil d’administration de Micheville ne manquera pas « de rendre hommage à l’énergie et à la ténacité déployée par M. Edouard Lang, Directeur général des Forges de Champagne qui, en contact permanent avec le Président actuel, M. Émile Ferry, a pu donner au Ministère de l’Armement un concours aussi large qu’il était possible de le faire. »

2.3- Les grands travaux de Marnaval, 2ème vague (1917-1919)

Ici, il importe de se remettre dans le contexte des aspects industriels de la Guerre. Après avoir cru qu’elle serait courte, on a dû se rendre à l’évidence, à la fin de l’année 1916, qu’on était parti pour une guerre longue, comme on venait d’en faire la cruelle expérience avec les batailles de Verdun et de la Somme.

Et c’était déjà extraordinaire que la France « ait tenu » si longtemps en face de la formidable puissance industrielle de l’Allemagne, d’autant plus que l’invasion allemande privait la France de 58% de sa production d’acier. De même pour le charbon : la production était tombée de 41 millions de tonnes (1913) à 19,5 millions (1915). En plus, il ne faut pas oublier qu’avant-guerre, la France ne s’en sortait qu’en important de grandes quantités de charbon d’Allemagne.

  • La réunion du Comité des Forges du 23 décembre 1916
Tableau du Comité des Forges de France, par Adolphe Déchenaud.
Émile Ferry est le 2ème assis à partir de la droite, de profil, un peu caché par son voisin et ami Camille Cavallier – © Domaine public

C’est dans ces circonstances dramatiques que se réunit le Comité des Forges, le 23 décembre 1916, en présence du nouveau Ministre de l’Armement, Louis Loucheur. Avant d’entrer au gouvernement en 1916, ce dernier s’était associé en 1899 à un certain Alexandre Giros (un neveu d’Émile Giros) pour créer une société de construction d’usines hydro-électriques, d’installations thermiques et de réseaux de distributions électriques, qui deviendra bien plus tard « Vinci ».

Devant cette assemblée de capitaines d’industrie, Loucheur s’impose de manière très naturelle comme un vrai patron et un rassembleur d’énergies. Camille Cavallier, qui sait pourtant avoir la dent dure dans ses jugements sur les personnes, écrit aussitôt à son ami, Émile Ferry-Capitain : « Mr Loucheur que je voyais aujourd’hui pour la première fois m’a bien donné l’impression d’un homme de premier plan. Il a l’air d’avoir des idées très nettes, bien classées. Ce n’est pas un bavard, c’est un Monsieur. »

Il reste à Loucheur de se présenter devant les députés en janvier 1917 pour défendre son programme. Il est ici sur le plan politique : il sait que les parlementaires, toutes tendances politiques confondues, ont un préjugé défavorable envers lui, car il vient de l’entreprise privée et non pas du sérail de l’administration. Il est automatiquement « suspect » d’être un homme d’argent au lieu d’être un homme de service public.

Loucheur fait donc savoir qu’il est particulièrement attentif à maintenir l’approvisionnement des foyers domestiques, précisant que la marche des usines ne doit pas se payer par le mécontentement des populations. A cet effet, il  annonce qu’il a obtenu l’accord des sociétés minières françaises pour augmenter de 20% environ la production de charbon. Cette initiative est bien reçue par les députés : il est vivement applaudi à sa descente de la tribune et la presse réagit favorablement également. Loucheur sait que le Sénat est beaucoup moins bien disposé ; astucieusement, il profite alors des vacances parlementaires pour contourner l’obstacle en confiant le fonctionnement à un organisme administratif sans devoir en passer par une phase législative. Finalement, faisant preuve d’indulgence, le Sénat accepte le système Loucheur surtout quand il constate au bout de trois mois qu’il fonctionne bien. Pour venir à bout des résistances et des lenteurs des bureaucrates, pour surmonter les barrières qui existent entre le privé et le public, entre le civil et le militaire, Loucheur fait appel aux Polytechniciens, escomptant que la communauté de formation des « X » favorisera l’établissement de relations de confiance et d’un esprit de coopération. Même si Loucheur est de douze ans plus jeune que lui, Émile Ferry ne doit pas être insensible au fait qu’il est un « X » comme lui.

  • La bataille de l’acier et du coke, dans le cadre national et gouvernemental

Le courrier échangé entre Cavallier et Ferry montre que la France ne peut tenir tête à l’Allemagne qu’en se battant sur le terrain de la fonte, du charbon, du coke et de l’acier. 90 ans plus tard, paraîtra un ouvrage consacré à cette question sous le titre quelque peu provocateur « : La mobilisation industrielle, « premier front » de la Grande guerre ? ».

Répondant aux sollicitations de Loucheur, avec l’approbation du Comité de Forges, quatre sites sont désignés pour développer la production d’acier, à savoir Paris, Caen, Lyon et Marnaval. Les Américains acceptent de nous en livrer, mais, en contrepartie ils demandent qu’on leur réserve une partie de nos canons de 150 m/m. Une nouvelle série de travaux est donc lancée à Marnaval, avec un 3ème haut-fourneau et de nouveaux Fours Martin, tandis qu’une puissante unité de fours à coke est mise en chantier.

3- Bilan : Émile Ferry dans la guerre : un personnage majeur de la mobilisation industrielle de la Haute-Marne dans la Guerre de 14-18

3.1- « Validation » du choix architectural et social de la Commission Bern

L’histoire d’Émile Ferry vient valider et même amplifier le choix de la commission Bern en faveur du château de Rupt, expressément désigné comme «  maison de maître de forges ».

Premièrement, Émile Ferry est toujours qualifié de « Maître de forges » dans le courrier que lui adresse Camille Cavallier, le grand patron de Pont-à-Mousson

Deuxièmement, le château de Rupt est plus que la demeure d’un « simple » maître de forges comme il y en eu tant en Haute-Marne. L’éventail est large. Il y a ceux qui se contentent d’être propriétaires, d’encaisser les revenus et de regarder de très loin la marche de leur usine, tel le Colonel Le Masson Duchênois, en poste à Strasbourg et que Jean-Hubert Rozet supplie, vainement, de venir sur place pour mettre un minimum d’ordre dans la gestion du haut-fourneau de Saucourt. Il y a ceux qui résident sur place mais se satisfont de vivre « à l’Ancienne », comme Camille Cavallier en fera le portrait (Fontes, n° 13, Mai 1994) : « C’était une époque où les usines étaient les annexes d’un château ; les maîtres de forges étaient généralement des gaillards de six pieds de haut, fort barbus, très amateurs de tous les plaisirs et de toutes les jouissances matérielles, qui chassaient tous les jours quand la chasse était ouverte, qui pêchaient ensuite et qui allaient de temps en temps faire un petit tour dans l’usine. »

Il y a aussi ceux qui assument pleinement leur rôle de propriétaires tout en laissant la direction de l’usine à un gérant : ils vivent « la saison » à Paris et viennent régler les affaires durant les vacances d’été, tel le Baron Lespérut à Eurville. Émile Ferry, lui, est à ranger parmi ceux qui exercent à temps plein et sur place leurs fonctions de chef d’entreprise. Il illustre l’histoire industrielle de la Haute-Marne et de la France dans la Première guerre mondiale : alors qu’à l’automne 1914, la France paraissait devoir être inéluctablement vaincue en termes matériels par l’énorme puissance de l’Allemagne, on voit à travers Émile Ferry et les deux sites de Bussy et de Marnaval se manifester la mobilisation industrielle qui va permettre à la France de tenir tête et même de dépasser l’Allemagne, avec la perspective d’une victoire finale, raisonnablement escomptée pour l’été 1919.

3.2- La « preuve » par les bombardements aériens (sept 1917, et 1918)

La mobilisation industrielle est un aspect méconnu de la Guerre de 14-18, et pourtant, le 2 février 1918, le Général en chef s’inquiétait de savoir si la France pourrait compenser par des machines de guerre les masses humaines allemandes qui allaient s’abattre sur la France à partir du mois de mars 1918. Sentant que les choses allaient se jouer sur les champs de bataille mais aussi sur les usines, les Allemands ne manquèrent pas d’effectuer des raids aériens de destruction en 1917 et 1918, notamment en Haute-Marne, en y choisissant – comme par hasard ! – les sites de Marnaval et de Bussy, ceux d’Émile Ferry.